J’ai apprécié votre rappel de l’accent tonique aurois et Louronais "la finale es à prononcer comme en catalan".
Ceci m’amène à préciser une autre particularité dialectale : la disparition du N terminal commingeois (eth pa pour eth pan, eth, ca pour eth can, etc.)
Ce N n’était repris qu’à hauteur du Nébouzan, dans le bas pays (Saint-Plancard, Montréjeau ou Franquevielle pour situer, nuance qui tombait d’un seul coup à hauteur de Lécussan et Villeneuve-Lécussan.)
Ainsi, lors de ces transhumances, les Palustran d’Aragnouet -passeur pendant l’occupation- et autre Milhasson de Loudervielle (sur le Peyresourde, au-dessus d’Estarvielle) menaient leurs oélhés et bourrégués (j’ai volontairement mis l’accent) dans le Comminges voisin à la fin de l’automne.
Ils venaient les reprendre au printemps avec la moitié de leurs agneaux nés dans les fermes d’accueil, les autres en réglaient la garde hivernale.
Contrairement à certains, Je n’ai jamais relevé le moindre mépris (les enfants sont très observateurs) envers les mountagnols de la part de ceux qui les recevaient, si ce n’est qu’à l’époque des grandes foires de Lannemezan, comme le mercredi des Cendres, on les remarquait aisément à leur démarche et à leur apparence générale : brodequins, béret, sac tyrolien, et surtout l’inséparable parasol ou parapluie bleu à double usage.
Le berger Milhasson me racontait, il y a une trentaine d’années, comment, chaussé de skis, il visitait, l’hiver, ses « bordes foraines » me précisant que la propriété des brebis n’était pas toujours le privilège de l’amont dans le système, les fermes de l’aval pouvant en posséder une partie.
Mais ceci est une autre histoire.
J’en resterai aux sonnailles bruyantes et aux longs cortèges bêlants qui parcouraient alors les départementales du plateau, les rares automobilistes ne rechignant pas à détourner leur route pour en éviter la traversée.
Tout cela fonctionnait merveilleusement, dans l’heureuse absence de l’encadrement extraordinairement réglementé de la société que nous connaissons, avec la seule compréhension de chacun.
Nous croyons vivre le siècle de la communication, nous n’avons jamais aussi peu –humainement- communiqué.