Christianisation et peuplement entre Garonne et Pyrénées du IVème au Xème siècle Louis DOLLO [Forum Yahoo GVasconha-doman 2010-01-23 n° 9784]

Renée Courtiade, du Groupe Généalogique des Hautes-Pyrénées, a suivi une conférence donnée par Marie-Geneviève Colin, conservateur du patrimoine et spécialisée en archéologie à Saint-Gaudens dans le cadre des Jeudis des archives. Elle nous en propose un petit compte rendu ci-dessous :

Christianisation et peuplement entre Garonne et Pyrénées du IVème au Xème siècle

Par Marie-Geneviève Colin, conservateur du patrimoine et spécialisée en archéologie. Marie-Geneviève Colin aborde le sujet essentiellement en archéologue (fouilles à Dému dans le Gers, à Valentine dans le Comminges...)

La région entre Garonne et Pyrénées qu’elle a étudiée pour sa thèse correspond à la Novempopulanie telle que l’a définie Jules César ; pour en tracer les limites les historiens ont suivi les limites des diocèses.
La Novempopulanie correspond à tout l’espace au sud et à l’ouest de la Garonne à l’exception de
 une zone à l’ouest de Toulouse qui faisait partie de la cité de Toulouse donc de la
Narbonnaise et plus tard du Languedoc (L’Isle-Jourdain fait partie de la cité de Toulouse)
 Bordeaux et le sud de Bordeaux

Elle comprend à l’Est St Lizier mais pas Montsaunès. Au Sud la limite passe vers Boussens donc Martres-Tolosane ne fait pas partie de l’étude de M-G Colin.

Elle ne s’occupe que des campagnes ; sont exclus tous les chefs lieux de cité comme St-Bertrand, Auch, Eauze, Saint-Sever... Par contre Tarbes, qui n’est plus un évêché à l’époque, entre dans son étude.
Elle a utilisé des sources mais qui sont très rares et nous a montré beaucoup de photos d’objets ou d’édifices trouvés essentiellement dans le Gers, un peu moins en
Haute-Garonne, très peu dans les Landes.

I) les objets
Sarcophages surtout, linteau de fenêtre à _Aulon_ (31), la seule inscription rurale à St Pé d’Ornézan dans le Gers...

II) Vestiges de monuments
Une constante : les premières églises ont été bâties sur des /villae/ antiques ou à proximité ; au cours des siècles chaque église est construite sur la précédente. Ne sont répertoriées que celles qui ont été fouillées.

**petites églises du Vème siècle* à Tarbes, sur le parvis de la cathédrale ; à Lourdes ; à Maubourguet (32) sous l’église ; celle-ci est de même style que la 1ère église de St-Bertrand ou que celle de L’Isle-Jourdain.

**églises dans des domaines ruraux* : à Séviac (32), le propriétaire de la villa a dû se convertir et s’est aménagé un lieu de culte chrétien. Même chose dans la villa de Labastide d’Armagnac. Ces lieux de culte ne sont pas associés à des nécropoles.

Le Concile d’Agde, en 506, autorise une pratique qui devait déjà exister : la construction d’oratoires privées sur les grands domaines mais à condition que les
propriétaires aillent à l’église paroissiale pour les grandes fêtes religieuses. Ce qui prouve qu’il y avait des églises paroissiales !

*un seul *baptistère* à Séviac, ; l’autre du Sud-Ouest a été trouvé à L’Isle-Jourdain.

**les églises rurales* :
la christianisation massive des campagnes est tardive ( fin VII et VIIIème s) ; elle se fait à partir des villes et des grands domaines (les propriétaires de /villa/ vivaient en ville pendant une partie de l’année).
Ces petites églises du VIIème s sont entourées de nécropoles : à Séviac, tout près de la villa ; à Ordan-Larroque (32) on n’a pas retrouvé l’église mais une vaste nécropole.

**église de Valentine d’Arnesp* (Comminges) : fouilles de Georges Fouet et sondages de M-G Colin.
Voir l’inscription actuellement dans l’église de Valentine et la mosaïque.
Sur la villa : des sarcophages un peu partout de diverses époques, pas faciles à dater. D’abord un mausolée funéraire. Puis une église pré-romane qui a été utilisée au moins jusqu&’en l’an Mil (d’après la mosaïque trouvée devant l’autel). Puis une église romane à chevet arrondi.

Le plan de l’église pré-romane est tout à fait différent des églises de la même époque du Sud de la France. Chevet plat, croisé de transept avec de chaque côté une absidiole à chevet plat. Des similitudes avec les églises gersoises de la même époque à Dému (même si les chevets sont arrondis), à Mouches, à Bouzon et en Espagne !

M-G Colin insiste : on n’est pas dans le royaume franc, on est en Vasconie.
Ses habitants ont des relations privilégiées avec les Wisigoths qui ont du se retirer dans la péninsule espagnole. D’où des affinités, y compris dans les décors, avec l’art syrien et byzantin. Une preuve de plus que les Pyrénées n’étaient pas une frontière.

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