Introduction du français en Béarn Jean Lafitte [Forum Yahoo GVasconha-doman 2010-12-23 n° 10317]

- Jean Lafitte

Adixat,

L’ami Tédéric Merger a écrit à propos de l’emploi du français par la Réforme :

 « Lo francés qu'èra dejà ua evidéncia, probable, au moment de la Reforma (1550-1650). L'edit de Villers-Cotterets qu'èra passat pr'aquiu.
« Le Bearn n'era pas concernit per aqueste edit, més Jana de Labrit, benlèu que si...

« O au mensh, que n'avè gahat l'esprit ? »

Il a raison d’être prudent. Car je conseille à tous la lecture de l’incontournable thèse d’Auguste Brun, 1923, téléchargeable :

http://www.archive.org/details/rechercheshistor00brunuoft

J’en tiens une version méliorée à la disposition de qui me la demandera (2,7 Mo).

Il a montré que l’article 111 de l’ordonnance d’aout 1539 sur le fait de la justice (improprement appelée « édit ») n’a fait que consacrer un mouvement très avancé sur l’ensemble du royaume, et même en dehors : Savoie, Avignon papal.

Les États de Béarn correspondaient en français avec l’administration du roi de France.

Il est quasiment certain qu’Henri II d’Albret, puis Jeanne d’Albret et son époux n’usaient guère que du français entre eux, et avec leurs proches.

Si les États de Béarn ont protesté et rappelé que le béarnais était la langue de l’administration
du Béarn, j’ai la conviction que c’était pour prévenir un rapprochement avec la France qui aurait porté atteinte à lers privilèges. Car le français était déjà bien implanté dans les classes dirigeantes.

Et la Réforme n’avait que des textes en français. Les Psaumes de Salette n’ont été publiés qu’en 1583, c’était déjà bien tard. En attendant, on les chantait en français dans la traduction de Marot, si je ne me trompe.

Gauyous Nadau a touts,

J.L.

Grans de sau

  • Adishatz,

    Je ne peux qu'aller dans le sens de Jean Lafitte que la francisation du Béarn précède largement la Révolution mais également l'annexion du Béarn à la France : le Béarn des Albret est une vicomté sous influence culturelle française depuis que ses souverains sont français, c'est aussi simple que ça, ajoutons la fin de l'aventure de la Reconquista : l'unification de l'Espagne a joué dans le fait que le Béarn s'est détourné de son tropisme aragonais, au fond la frontière sur les Pyrénées s'est dessinée avant même qu'elle ne devienne officielle sous Louis XIV.

    Du reste, la question a été largement traitée, notamment par Christian Desplat dans son livre "Cultures en Béarn". Parmi les facteurs de francisation (aussi bien linguistique que culturelle), la Réforme n'est pas négligeable (prédicateurs français et genevois, ...).

    http://www.amazon.fr/Cultures-en-B%C3%A9arn-Christian-Desplat/dp/2846180504/ref=sr_1_9?s=books&ie=UTF8&qid=1293138266&sr=1-9

    Il est une constante de l'Histoire du Béarn : c'est le conservatisme (noblesse, réaction paysanne, catholicisme intransigeant, ...) qui a généralement porté le débat sur l'égale dignité du gascon. Le protestantisme a en Béarn été au contraire le terreau d'un certain progressisme tout à fait indifférent à cette question. L'Histoire doit se lire sur le long terme. Le Béarn protestant a ainsi été toujours plus ouvert aux influences extérieures, aux nouvelles modes, ... Il suffit de constater les trajectoires individuelles de ses représentants (Félix Pécaut, les frères Reclus, ...).

Un gran de sau ?

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