À la suite des progrès enregistrés dans le domaine des emblèmes gascons et de la clarification des données, notre petit groupe (Boyvil, Gérard SG, PJM) a tenté de concevoir des armoiries de Gascogne, à savoir des armes significatives pour l’ensemble des pays gascons, Gasconha. Après de très nombreux essais théoriques et graphiques, nous vous faisons part de nos réflexions et attendons vos remarques sur ce projet.
1) Ces armoiries, marqueurs d’identité pouvant convenir à toutes les situations, sont nécessairement composites. Le duché de Gascogne avait disparu (en 1032) avant que les bases de l’héraldique européenne n’aient été stabilisées (site Héraldique européenne). Il n’y a donc pas d’armes adoptées pour la Gascogne intègre. Restent donc les armes des « pays », quels qu’aient été leurs statuts respectifs, pays composant ou héritiers de la Gascogne jusqu’à 1694 (Armorial général de France) et 1719, date de la création de la Généralité d’Auch qui reconstituait une (petite) Gascogne administrative et dotait celle-ci d’armes qui jouissent toujours d’une réelle estime locale et qui, au moins à ce titre, ne peuvent être oubliées.
2) Quelles sont donc les armes des pays à retenir, comment les placer sur la table de l’écu de Gascogne ?
Nous avons choisi, en accord avec de classiques principes héraldiques et avec le bon sens, de retenir les principaux pays historiques, en gros duchés et comtés du XIIe au XVIe siècle :
– le duché d’Aquitaine, ensuite appelé Guyenne : il représente tant le nord (actuels Bordelais et Agenais « guyens ») que l’ouest (l’Aquitaine sous suzeraineté « anglaise » jusqu’en 1453) de la Gascogne. À ce titre sa place est naturellement en haut et au milieu de l’écu (« chef et cœur ») ;
– en dessous de lui, viennent deux représentations de deux pays phares : le Béarn et l’Armagnac (celui-ci représentant d’autres pays mineurs souvent et de plus en plus rattachés à lui), dont la position à gauche et à droite de l’écu (« dextre et senestre » pour le porteur) tiennent compte du positionnement géographique. IIs doivent cette position à leur rayonnement historique, du reste très longtemps antagoniste.
– en dessous encore, de gauche à droite pour l’observateur (comme ils le sont d’ouest en est), l’ensemble Albret-Marsan (représentant à eux deux à peu près toutes les Landes actuelles et au-delà) et la Bigorre.
Enfin, vers la pointe de l’écu, comme ils se trouvent géographiquement dans le sud pyrénéen), deux pays qui comptent beaucoup pour la Gascogne, Commiges et Couserans, auxquels se rattache le Val d’Aran, représenté par sa clef en pointe de notre écu.
3) Comme emblème ou « meuble » unificateur, nous avons adopté la croix de Gascogne (Crots dou larèr), pendant symbolique parfait au lauburu basque, à la croix de Toulouse occitane, à la croix de sant Jordí catalane, au rozon arpitan, etc. Historiquement connue surtout par les compagnies de mousquetaires gascons (donc tout à fait « héraldico-compatible ») elle rappelle aussi des motifs de notre art populaire et colore en tous cas notre blason d’une flamme d’espérance
4) Des possibilités les plus pertinentes se dégagent celles-ci :
– Les armes de la Généralité de Gascogne du XVIIe siècle peuvent être placées :
– soit au centre en raison tant de leur caractère synthétique (car cette amorce de Gascogne « moderne » englobe nombre de pays particuliers), l’écu à la crotz figurant au centre ;
– soit sur le même rang que les autres quartiers.
– nous préférons une disposition « gironnée » (lignes de compartimentage obliques) à la disposition en compartiments rectangulaires plus fréquente (équipollé), tant par leur particularité qui attire davantage le regard que par le double et implicite rappel visuel du triangle gascon (et aussi du sautoir d’un des drapeaux de la Gascogne ).
Les quelques variations possibles se fonderaient sur les contrastes souhaitables pour la lisibilité.