Dax, ville taurine, une identité gasconne

- Gerard Saint-Gaudens

Dans le recueil d’articles taurins du regretté journaliste et écrivain gascon Jean Lacouture s’étalant de 1965 à 1976 (« Signes du Taureau », Julliard 1978), je note ce paragraphe consacré à la ville taurine qu’est Dax :

« Voila une ville joviale, ouverte, où les hommes sont gais et les femmes belles, une ville où les curistes eux-mêmes ôtent tâter du confit d’oie, une ville où règnent le rugby et les taureaux et où le chant collectif a pris les proportions d’un rite, une ville en somme qui préfère prendre les choses au tragique plutôt qu’au sérieux. Une cité méridionale allégée de la gravité basque et du pathétique languedocien, où tous les ans, en août, la feria fait exploser, sans frénésie déclamatoire, les règles et les interdits. Au surpus, ville « moyenne » comme on dit maintenant dans les ministères, c’est-à-dire promise au développement et préservée du gigantisme. Qui dit mieux ? »

Derrière ces phrases si bien ciselées comme Lacouture savait admirablement les produire (ce recueil, épuisé et en attente de ré-édition est un vrai bonheur de lecture), notre gascon, biographe de Montaigne entre autres*, avait repéré des traits de notre identité gasconne, au-delà sans doute de celle de la cité thermale, des traits dont certains se sont un peu altérés depuis les fêtes auxquels il assistait alors (28 août 1976) :
On ne produit plus guère de confit d’oie dans le coin, maintenant voué au seul canard - quand les épidémies de grippe aviaire n’inspirent pas aux autorités sanitaires une mise à mort généralisée de toutes nos volailles en attendant le découragement de tous nos petits producteurs - .
La perception des villes moyennes, dans les ministères ou ailleurs, n’est plus aussi optimiste qu’avant dans la France des Gilets Jaunes de 2019 et Dax elle-même, à l’image de son immortel club de rugby, a connu depuis lors bien des hauts et des bas ; mais enfin la ville survit, peut-être un peu mieux que cela et un peu mieux que d’autres ,en Gascogne et ailleurs.

Reste à savoir si nos villes gasconnes sont bien dégagées de la gravité basque et du pathétique languedocien. Vaste sujet !

* « Montaigne à cheval », petit ouvrage moins connu que les trois volumes de son « De Gaulle »

Grans de sau

  • Plus de 40 ans après, je me demande ce qu’il reste de valable dans les clichés de Jean Lacouture sur Dax.
    Le monde a beaucoup changé, Dax aussi.

    Je rebondis sur la remarque de Gérard « La perception des villes moyennes, dans les ministères ou ailleurs, n’est plus aussi optimiste »
    Oui, voici bien une chose qui a changé depuis 40 ans !
    Mais ne nous laissons pas trop impressionner : sinon, la Gascogne urbaine, faite surtout de villes petites et moyennes, serait "mal"...
    Ne nous laissons pas trop impressionner par les idées dominantes, même celles qui prospèrent dans les ministères !
    Un exemple :
    J’ai connu une époque, encore il y a 20-25 ans environ, où Bordeaux était réléguée au simple rang de ville moyenne, donc rayée (par la DATAR...) de la liste des métropoles régionales auxquelles on promettait un avenir radieux... Bordeaux la belle endormie, Bordeaux des Chartrons, hautaine, pluvieuse, et décadente... en opposition à Toulouse la ville rose dynamique et ensoleillée.
    Eh bien le rééquilibrage a eu lieu, générant bien sûr d’autres clichés, d’autres illusions, d’autres excès...

    Retour à Dax :
    C’est une des plus grandes villes gasconnes, au même rang que Mont de Marsan, et dépassée seulement par Pau et Tarbes, en mettant Bordeaux et Bayonne à part.
    Gasconne, est l’est aussi, hélas... par son manque de fierté gasconne. De ce côté là, le cliché de Lacouture est révélateur et reste valable : Dax méridionale, mais ni basque ni languedocienne... pourquoi Lacouture n’a-t-il pas risqué le qualificatif "gasconne" ?

    Dans le fil de discussion de Gasconha.com sur Dax, il est surtout question d’une certaine médiocrité architecturale : Dax aurait finalement suivi les modes parisiennes plutôt que cultivé sa différence.
    Selon moi, il est toujours possible de faire mieux.
    Et je suis depuis longtemps enclin à miser sur Dax, pour les raisons qui suivent :
     Dax est en bordure d’une zone attractive, la côte sud-landaise, dont elle est la seule ville moyenne, en concurrence cependant avec Bayonne ; pour cette zone attractive, elle peut fournir les services d’une ville moyenne (santé, éducation, commerce...) ; le risque est d’ailleurs que, du coup, elle perde ce qui lui reste d’esprit gascon...
     Dax est un noeud ferroviaire (là c’est un ferroviphile qui vous parle, mais pas seulement...) : les TGV s’y arrêtent, et de Dax on peut aller facilement à Bordeaux, à Saint Vincent de Tyrosse, à Bayonne, à Pau, à Paris !
    Je me suis enthousiasmé jadis pour une relation LGV Dax-Vitoria/Gasteiz, donc avec l’Espagne. Je suis maintenant très critique envers le modèle LGV, mais souhaite toujours une relation ferroviaire franco-basco-espagnole améliorée.

    Si Dax cultivait une identité auto-centrée et gasconne, mixte entre le monde landais et le monde de la Chalosse, elle ajouterait une raison supplémentaire à mon optimisme.
    "Ville taurine"... c’est un héritage. Comme je voudrais voir le monde taurin gascon évoluer vers des modalités moins espagnoles, et évoluer tout court... je souhaiterais que Dax participe à cette évolution...

  • Je souscris totalement à tout ce que tu écris, Tédéric, avec simplement un peu de réserve sur tes deux phrases finales.
    Je pense qu’en matière taurine il faudrait résister plus encore qu’évoluer (encore qu’une certaine évolution me paraitrait bonne en ce qui concerne les courses landaises, comme on peut le lire dans les posts consacrés à cet art si profondément gascon).
    Mais ne nous trompons pas ; le vent idéologique souffle depuis les grandes métropoles mondialisées vers nos territoires ruraux et nos jeux et arts traditionnels et c’est un vent hostile. Si nous courbons trop l’échine, tout sera balayé à la fin.
    Du reste en matière de rugby, si cher à Lacouture, le risque est moins massif mais il existe si nous nous résignons, comme ça semble être le cas actuellement, à une évolution de ce sport vers l’argent et le mondialisme qui vont de pair (d’ici 10 ans aucun de nos "petits"gabarits n’aura plus sa place dans ce qui sera devenu un sport de gladiateurs de 100 kgs chacun, recrutés aux antipodes (on aura un peu quelque chose qui ressemblera au football américain d’aujourd’hui, totalement éloigné de ce sport qui a rencontré de façon quasi miraculeuse le sens de la sociabilité et de la solidarité de nos petites et moyennes communautés (jusqu’à des clubs de grandes villes, Bordeaux, Toulouse ou Bayonne tout aussi bien …).

    • Je ne pense pas possible de maintenir longtemps la corrida telle qu’elle est, trop cruelle envers le taureau. La mentalité générale a changé ; le bien être animal est devenu un idéal largement admis, même si en pratique, nous continuons à faire beaucoup souffrir "nos amis les animaux", par exemple dans les élevages ; mais justement, il sera plus facile d’éliminer une atteinte spectaculaire - et non utilitaire - au bien être animal, que de l’améliorer partout.

      Il me parait possible de sauver la corrida en la faisant évoluer vers un jeu sans effusion de sang entre l’homme et le taureau - un jeu risqué cependant. Il y aurait alors convergence avec la course landaise ; celle-ci a été vue souvent comme un pâle substitut à la corrida, imposé par les autorités politiques ou religieuses "du nord", curieusement plus réticentes à la violence envers les taureaux que le "sudiste" de base ; j’imagine une dialectique entre la course landaise et la corrida... Et que Dax en soit l’arène !

  • La corrida trop cruelle envers le taureau, pas utilitaire... la mentalité générale a changé (sous-entendu il faut y souscrire absolument)...
    Je veux bien tout ça, mais avant de coller l’étiquette "cruauté pas utilitaire" sur la corrida, j’aimerai bien que l’on m’explique ce qu’il y a de vraiment d’utilitaire dans le fait de pouvoir aujourd’hui cliquer, liker à tout va, demander à son joujou numérique tout et n’importe quoi...
    L’envers du décors pour le toro qui meurt dans l’arène c’est une vie au campo, en élevage extensif dans des zones qui restent relativement préservées.
    L’envers du décors pour la consommation de numérique c’est des zones dévastées et extrêmement polluées par l’extraction des terres rares, des hommes qui travaillent et meurent dans des conditions déplorables...
    Qu’est ce qui est le plus barbare ? aimer la corrida, la chasse, ôter la vie d’un animal que pourtant on respecte et que l’on a parfois même élevé, ou être hyper connecté en ne voulant pas voir le prix à payer pour d’autres êtres humains à l’autre bout de la planète, pourvu que cela nous coûte le moins cher possible.
    On s’éloigne peut-être du sujet "Gascogne", mais je crois qu’on retrouve ici le même schéma d’une société urbaine qui veut s’imposer et faire disparaître une société plus rurale en la traitant de barbare, pas évoluée, ringarde.
    Pour ne pas paraître ringard on abandonne peu à peu sa culture et on tape à son tour sur ceux qui en ont conservé certains éléments pour bien montrer que l’on est soi-même évolué. C’est très efficace, au lieu de se défendre en bloc, chacun va essayer taper sur ce qui est moins important pour lui en pensant sauver ce qui lui tient le plus à coeur.
    A la fin tout le monde a perdu et s’étonne de ne pas avoir eu de soutien...

  • Même en Espagne la corrida est contestée.
    Vous avez du lire l’article de sud ouest :
    Corrida : à Madrid, le "rituel de la mort du taureau" célébré et contesté
    https://www.sudouest.fr/2019/05/25/corrida-a-madrid-le-rituel-de-la-mort-du-taureau-celebre-et-conteste-6125330-727.php

    Il y a bien la "corrida portugaise" sans mise à mort du toro dans les arènes.
    Mais le taureau est mis à mort discrètement juste après comme un simple animal de boucherie.
    Je n’ai pas vu de corrida depuis 3 décennies mais je suis pour le maintien de ces corridas dans les villes à traditions taurines tant qu’il y aura des aficionados pour se déplacer.

  • Il ne faut pas se voiler la face : comme je l’ai écrit ainsi que Tédéric et Christophe, le vent souffle du côté d’une sensibilité (tournant parfois à la sensiblerie) animaliste : il suffit de voir le nombre de chaines TV, surtout anglo-saxonnes) montrant des ébats souvent touchants (que je regarde parfois avec plaisir) d’animaux sauvages ou domestiques de toutes sortes, séquences dont les réalisateurs aiment à souligner les ressemblances avec l’humain (ne disons rien du Museum d’histoire naturelle de Bordeaux qui croit bon, dans la nouvelle présentation de ses collections, de faire figurer un crâne humain posé par terre à côté d’un sanglier et d’une panthères naturalisés avec l’écriteau "humain"... Sans commentaire !).
    Dans le même temps la sensibilité dominante s’émeut du reste de moins en moins des atteintes croissantes au respect de la vie humaine, dont on se demande où elles s’arrêteront, comme une sorte d’inversion des sensibilités. Et des écolos radicaux commencent même sérieusement à représenter l’homme comme le pire des prédateurs qu’il faut marginaliser et si possible faire disparaitre d’une nature enfin libérée de son emprise.
    Le paradoxe est que les anti-corridas amis des animaux, même bien intentionnés et pas radicaux , ne semblent pas se rendre compte que le jour où les corridas (avec mise à mort, fût-ce derrière le rideau des arènes) disparaitraient, ce seraient les races de taureaux "bravos" qui disparaitraient aussi à bref délai : qui continuerait à s’osbtiner à entretenir des élevages sans perspective de combat dans les arènes alors que par aillleurs, les vastes espaces sauvages dont ils ont besoin ne cesseraient de se raréfier ? Autant dire que je ne crois pas à une évolution des corridas vers une sorte d’alternative (sans jeu de mot) à la course landaise ; le métier de "matador de toros" veut bien dire ce qu’il dit, aucun jeune passionné ne voudra risquer sa peau (car il la risquerait encore) devant un taureau avec qui on ne se livrerait plus qu’à d’élégantes passes de cape et de muleta sans signification ni utilité. Certes des évolutions sont possibles ici ou là (et l’art taurin a bien évolué depuis la Ronda du XVIIIè siècle) mais toute évolution a ses limites.

    Et je rejoins l’observation finale de Christophe : vouloir soutenir la course landaise seule en rejoignant le camp des anti-taurins est une illusion (une personne anti-taurine de ma famille m’avait dit un jour qu’"on n’avait pas à embêter non plus les vaches qui ne nous demandent rien " ! Du reste, j’aimerais beaucoup que sorte un jour prochain une étude universitaire relevant exhaustivement les relations et interconnections entre courses landaises et corridas à l’espagnole (ou portugaise) sur le plan économique, ne serait-ce que pour contribuer ensemble au remplissage des arènes, au développement des élevages, etc.

  • Et la culture gasconne dans tout cela ? Nous sommes là dans un jeu de compromis permanent entre affirmation ethnique et perte d’identité : il se passe des choses très proches en ce qui concerne les jeux taurins (intégrant la mode des bandas - Cf Marie Pendanx- ), le rugby, voire plus récemment le basket-ball, sport devenu très populaire dans la Gascogne rurale ou semi-rurale (au programme aux arènes de Dax hier soir soir, la finale de la coupe landaise finale de ce sport et travail d’un "razeteur" de nos régions, Yann Brocaires, du club Real Chalossais).
    En tous cas, la culture de nos pays perdrait beaucoup à la disparition des jeux taurins, il ne nous resterait plus grand chose !

  • “Une surprise des élections européennes d’hier en France:le parti animaliste dépasse 2% et devient la première des toutes petites listes ,un signe évident de la montée de cette sensibilité là ,avec une traduction politique pour la première fois qui menacera rapidement les jeux taurins.

  • Christophe, on ne s’éloigne pas, je pense, du sujet "Gascogne", dans ce débat sur l’avenir des jeux taurins.
    Selon moi, ils ont leur place dans une "culture gasconne" qui est à ré-imaginer, à re-fonder, à rediffuser aussi dans tout l’espace gascon, à partir de bribes, de restes, qui surnagent, ou que nous devons débusquer, dans une Gascogne largement banalisée par la culture française, d’abord étatique, et maintenant de plus en plus médiatique à la sauce anglo-saxonne.

    Christophe et Gérard, j’ai bien lu vos arguments, qui méritent d’être discutés, mais ne peux répondre à tous tout de suite.
    Je veux seulement dire maintenant que pour avoir quelque écho dans la société (c’est quand même bien cela que nous cherchons), il faut l’écouter.
    Or la société qui nous entoure n’a pas, logiquement, le même regard sur les corridas, qui sont considérées comme cruelles - à juste titre selon moi - et sur les courses landaises, qui ne le sont pas.
    Certes, les animalistes condamnent aussi la course landaise, je m’en suis aperçu avec surprise, mais ils sont très minoritaires, et le resteront, je pense. Et ils réservent leurs actions à la corrida.

    En défendant en bloc et sans nuances tous les jeux taurins, y compris celui, extrême, de la corrida à l’espagnole (ou même à la portugaise d’après ce que je lis), on lie un projet gascon à une pratique qui ne se dit même pas gasconne (même si elle a un lien effectif avec la Gascogne), qui ne survit dans notre région que par dérogation* à la loi, et face à une réprobation sociale de plus en plus forte (dont les manifs spectaculaires des anti-corridas sont la partie visible de l’iceberg)... Regardons-y à deux fois !

    * Comme je l’ai dit ailleurs, je suis favorable au maintien de ces dérogations (autorisation de la corrida là où il y a une tradition ininterrompue) ; mais elles ne dureront pas aussi longtemps que les impôts, et il faut réfléchir à ce que peuvent être des jeux taurins mieux acceptés socialement ; sans haine, bien sûr, contre nos amis des peñas et des torils...

  • Tederic, ceux qui pilotent les animalistes sont loin d’être des doux rêveurs et loin d’être idiots. Ils savent bien que s’ils attaquent toutes les formes de tauromachie en bloc, tout le monde sera solidaire pour se défendre, alors qu’en concentrant leurs efforts sur la corrida uniquement, les autres peuvent être tentés de se dire "ouf c’est pas sur nous que ça tombe et peut-être que ça nous positionnera positivement ". Mais si la corrida tombe, c’est sur une autre forme de tauromachie que viendra s’abattre la même haine et volonté d’éradication. On verra ainsi disparaître les courses landaises, camarguaises, abrivados, encierros les uns après les autres (peu importe l’ordre).
    Si tu penses que je me trompe, regarde ce qui se passe avec les chasses dites traditionnelles. On dit traditionnelles pour ne pas dire qu’elles font partie d’un patrimoine culturel (traditionnel c’est plus facilement ringardisé que culturel). Un dirigeant anti-chasse ne s’est pas privé dans une réunion de dire qu’ils allaient détruire la chasse "pan par pan". Cela n’a rien d’écologique, même si c’est présenté comme cela, c’est purement culturel. Dès qu’une pratique est interdite, ils concentrent leurs efforts sur une autre. C’est redoutablement efficace, et cela permet aux dirigeants politiques de faire croire qu’il font de l’écologie sans traiter les vrais problèmes qui sont ailleurs.
    Les animalistes sont très forts pour se faire bien voir des médias. On présente plus les végans comme des gens très biens et très gentils, que comme un mouvement sectaire.
    Tu parles de haine contre "nos amis des torils". J’ai été choqué il y a quelques années par les visages haineux et les insultes qui m’ont étés adressés alors que j’allais paisiblement voir une corrida à Mimizan. Cela par des adultes qui encourageaient des enfants à faire de même, en me prenant en photo. Tout cela sous le regard des gendarmes qui laissaient faire. Que vont devenir les enfants ainsi élevés ? Comment peut-on s’étonner des passages à l’acte et des agressions dont on commence à parler ?

  • Pourquoi ce besoin d’avoir un écho, et d’écouter cette société hypocrite qui n’a que faire de la souffrance humaine et ne veut surtout pas la voir si cela lui permet de se divertir pour pas cher. Qui dans cette société se soucie des destructions des écosystèmes et de la misère d’autres êtres humains à l’autre bout du monde, si cela lui permet de s’amuser à prendre en photo ce qu’il mange pour que ses "amis" puissent "liker" ?
    Je pense que la course landaise t’indiffère et que tu n’y es pas sensible (cf ton compte rendu), et qu’au minimum tu n’aimes pas la corrida (cf les termes que tu emploies). C’est ton droit et je le respecte. Tout le monde n’aime pas la peinture, la musique, et heureusement qu’on a des goûts et des cultures différents. J’aime la course landaise et la corrida, et je peux t’assurer que tu ne peux aimer ni l’une ni l’autre si tu n’as pas de passion et de respect pour ces animaux.
    Tu ne peux pas dire qu’il y a chez les toreros et les aficionados de la haine envers le toro c’est tout le contraire. J’ai dans le passé fait l’expérience de toréer avec mise à mort. Il est particulièrement insultant et blessant se faire prêter des sentiments qui sont aux antipodes de ceux que l’on ressent profondément.
    Pour en revenir au Gascon : nos arrières grands-parents ont voulu ne pas paraître arriérés par rapport à la société française de l’époque. Ils ont laisser filer une bonne part de la langue. Nos grands-parents et nos parents qui avaient malgré tout conservé quelques bribes de langue n’ont pas osé, par complexe d’infériorité, contre-dire les occitanistes qui avaient un label universitaire. On voit où on en est aujourd’hui.
    Vouloir faire plaisir et essayer de séduire ceux qui au mieux vous méprisent, en pensant se sauver est une erreur. L’expérience le montre à chaque fois.
    Taper sur la corrida pour défendre la culture gasconne, en disant que la course landaise est bien plus respectable alors qu’on n’y est pas sensible, est pour moi une grossière erreur...

    ...à moins d’avoir la volonté d’entraîner ceux qui sont attachés à la culture gasconne à s’allier de fait avec les mouvements anti-corrida comme en Catalogne. On pourra petit à petit rajouter les chasses traditionnelles, les quelques tuues de porc qui sont encore pratiquées, le gavage etc...
    J’espère ne pas avoir un jour la déception de voir l’étiquette "défense du Gascon" utilisée pour faire avancer les thèses animalistes et véganes.

  • Je viens d’avoir la curiosité de regarder le site du parti animaliste.
    Il y a beaucoup de propositions avec lesquelles je suis d’accord.
    Sur les 79 candidats aux européennes seulement 3 citent nommément la corrida.
    C’est vrai qu’il y a presque une haine envers les toreros.
    Pour s’en rendre compte il suffit de lire, sur le site de la depeche, les commentaires à la cornada reçue par Juan Leal à Madrid ce WE :
    https://www.ladepeche.fr/2019/05/28/blesse-a-madrid-larlesien-juan-leal-se-bat-pour-etre-a-lheure-a-nimes,8225566.php

  • Votre curiosité est contagieuse, 32406465 ! Je viens de faire pareil : leur programme est bien écrit, très réfléchi. Ai-je lu trop vite ou l’interdiction de la corrida n’y figure-t-elle pas ? Par contre, son étranglement méthodique, si, clairement, à travers tout arrêt de subvention aux entreprises contribuant en amont à la tauromachie.
    Et comme vous, il y a des propositions qui me conviennent, comme l’arrêt recherché (tout aussi méthodiquement) des élevages industriels, en batterie, etc... (pensons à l’usine des 1000 vaches en Picardie), que je trouve aussi révoltants qu’eux.
    Comme l’a écrit Christophe, on peut apprécier la tauromachie et aimer et respecter la racine bovine, c’est mon cas.
    Par parenthèse, quelles sont les deux autres listes parlant de corridas ? Celle de Dominique Bourg, peut-être ?
    Bon, nous sommes loin de la Gascogne, enfin, pas tant que ça mais c’est vrai que nous ne pouvons nous transformer en forum concernant les jeux taurins de toutes sortes et que parmi nous, les avis seront toujours partagés, voire tranchés, c’est inévitable.

    A propos de jeux taurins, je salue l’arrive dans le monde des blogs qui leur sont consacrés à Maxime Goeytes, écarteur qu’une séquelle de blessure à l’épaule maintient momentanément loin des arènes et qui utilise ce temps libéré pour créer et animer un blog appelé "entracte" https://entracte.co

  • Il me semble que l’interdiction des corridas figure bien au programme des ’’animalistes’’. Je parlais de la profession de foi des 79 candidats de cette liste dont seulement 3 citent la corrida. La vie d’un taureau est globalement plus satisfaisante que la vie d’une vache laitière.

  • Tédéric, vous avez lancé là un débat dangereux ! je n’ai pas lu en détail tous les post, mais je crois que j’en ai assez vu quand même.
    La corrida, identité gasconne ? C’est avant tout une identité hispanique, importée en France sous Napoléon III et qui n’est aujourd’hui pas plus gasconne que languedocienne. D’ailleurs, (et à la différence de la courses landaise ou camarguaise), on ne retrouve dans la corrida que des termes espagnols, aucun occitan. Est-ce malgré tout un "art", un "sport", une "tradition" ? peu importe : la corrida est avant tout une barbarie qui ne devrait plus avoir sa place dans notre société. Est-elle légale en France ? interdite sur la majorité du territoire en vertu de la loi sur la cruauté animale, la corrida est par dérogation (et pression lobbyiste), autorisée dans une dizaine de départements. Ces lobbyistes qui vivent de la corrida cherchent à nous faire croire qu’elle est inhérente à la culture gasconne et cherchent à faire passer ainsi tous les Gascons pour des afficionados. Le Sud, avec ses cigales, son soleil, son farniente, son pastis et...sa corrida ! Un cliché ridicule. La réalité est bien différente : les amateurs de barbarie ne représentent sans doute qu’une infime minorité de Gascons. Il existe d’ailleurs en Gascogne comme ailleurs dans tout le sud, des associations qui s’opposent fermement à cette pratique digne des jeux du cirque romains. Qu’ils en soient félicités. La corrida en France s’éteindra. C’est une question de temps.

  • Bonjour Escgand ,vous savez , c’est un vieux débat dont vous trouverez l’écho dans plusieurs fils et articles de Gasconha.com.
    J’aimerais vous répondre plusieurs choses :
    Non,il n’est pas plus nécessaire d’être aficionado que paloumayre pour être gascon . Plein de gens attachés à la Gascogne sont même aussi réticents, voire hostiles à la corrida que vous l’êtes et c’est bien leur droit.
    Par ailleurs il est exact que l’ambiance et le vocabulaire de la corrida à l’espagnole sont castillans et pas gascons.De ce point de vue,bien que nous soyons conscient de la parenté entre nos deux langues et nos deux cultures (proche voisinage oblige) ,les gens attachés à défendre et promouvoir la culture gasconne sont assez normalement réticents à l’invasion culturelle « ibérique » qu’amène la tauromachie.
    Cependant , on ne peut nier historiquement le soubassement commun, celui qui depuis l’antiquité a amené des territoires entiers (péninsule ibérique,Gascogne, Provence) et pas d’autres à se passionner pour des jeux taurins, d’abord sous des formes très frustes puis de plus en plus évoluées avec des variantes considérables :corridas à pied, corridas à cheval,forcados portugais,razeteurs provençaux , écarteurs et sauteurs des courses landaises, tout cela étant à la fin très différent.
    Quant à la critique de « barbarie » ,elle est devenue habituelle en ces temps où l’animalisme est de plus en plus bruyant sur fond de transformation des sensibilités :celles-ci sont devenues plus sensibles aux souffrances animales,de façon en partie très légitimes , qu’à bien des manquements au respect de la vie humaine.Disons que c’est ainsi actuellement.Je vous renvoie aux écrits d’Alain Viard sur ce sujet pour un point de vue différent à ce sujet .
    Pour l’avenir,ni vous ni moi n’en sommes maitres et il est hasardeux de prédire que la corrida à l’espagnole soit inévitablement conduite vers l’extinction.Personnellement,je fais et ferai partie de ceux qui résisteront fermement à la revendication d’interdiction, bien que le destin de la course landaise soit encore plus cher à mon cœur gascon .
    En tous cas, il faut être conscient d’une certaine interpénétration des deux arts taurins (corridas et courses landaises) : ce sont deux monde à l’écosystème économique fragile et en finir avec l’un pourrait bien porter un coup mortel à l’autre.

  • Les mièvreries citadines nihilistes n’empecheront jamais le gavage ni la chasse ni les jeux taurins ni la pêche ni le piégeage, que nous le fassions dans la légalité ou pas. Le Béarn n’est pas une terre taurine mais nous soutenons fermement nos voisins et amis landais. Mieux vaut 1 Gascon qui ne parle pas la langue mais qui connait le lien qui l’unit à la nature selon les savoirs transmis, que 40 qui la parlent mais adhèrent à ces croisades ideologiques contre notre identité et la diversité des modes de vie.

  • Plan dit ! Gascons cap e tot, la lei que nse’n fótem ! Lo ligam dab la natura, embarrar e torturar bèstias, estupar espècias entièras au nom de la tradicion que vau mei que los bòbos. Sapiam deféner la cultura nosta, en eslip blu a còps de palla s’ac cau !
    ¡No passaràn !

  • Qu’i som : lo mot "bòbo" qu’ei sortit !-)
    Justament qu’èri a pensar e recercar suus discors deus "nostes" oficis deu torisme (a partir deu "R Tourisme" de l’OT deu "Val de l’Eyre"), e qu’èi trobat ua campanha de l’OT de Lot-et-Garonne.

    L’OT de Lot-et-Garonne, conscient que son département n’est pas une destination touristique de masse, essaye d’attirer des touristes décalés, notamment par une campagne d’affichage à Paris où il vante le "tourisme hipster" !
    Je ne savais pas trop bien la signification de "hipster"... il apparait que c’est la version anglo-américaine (donc plus chic !) de notre "bobo".
    Ils sont supposés sortir des sentiers battus...

    Bref, nous arrivons à une situation amusante où nos élus locaux tentent d’attirer les bobos comme touristes ou même résidents permanents (comme à la Réole) ; dans le même temps, il sera de bon ton dans la Gascogne profonde (et dans certains cas chez les mêmes élus ?) de les dénigrer !
    A nous de trouver le juste compromis !-) En évitant une guerre de religion...

    PS : ce fil de discussion concernait Dax au départ... voir si ce grand écart se vit aussi à Dax...

  • E son de segon grad,amic Jan l’Aisit,las vòstas paraulas o m’engani ?


Un gran de sau ?

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