La Réole nouveau satellite bordelais Et la Gascogne dans tout ça ?

- Tederic MERGER

La Réole « 33 minutes pour changer de vie » 2019
La Réole « 33 minutes pour changer de vie » 2019
"Auberge espagnole" au Prieuré des Bénédictins (haut-lieu de la Réole qui sert aussi de mairie, de médiathèque, etc.)

Qu’èri a la Rèula dishatte passat, entà « 33 minutes pour changer de vie » e la jornada deu patrimòni.

Le but de la manifestation est clair : amener des bordelais à choisir La Réole comme investisseur et/ou habitant, travailleur (avec la couleur "moderne" coworking-afterwork qui sied)...

"33 minutes", c’est le temps qu’il faut théoriquement en train pour "faire" Bordeaux - La Réole.

On compte sur le train, sur le charme du vieux La Réole, "l’esprit village" et les prix (bas) de l’immobilier pour déclencher un coup de coeur...

Il y aurait un potentiel de 1200 habitants supplémentaires en centre-ville, dans des immeubles à réhabiliter ou même à construire complètement dans un tissu ancien.

Mon impression, c’est que ça va marcher !

Reste à voir comment la campagne environnante, et plus largement la Gascogne vont s’articuler à ça.

Le train :

 il faut le RER !
 le TER ! (corrige quelqu’un, qui n’est pas au courant du projet de faire un RER autour de Bordeaux, sur le modèle du RER parisien)
 non, le RER ! (quelqu’un qui est au courant)
"y a pas assez de trains, mais y en a" (un responsable de l’urbanisme à la Réole)

La Réole est sur l’anneau gascon, dans un chapelet de petites villes garonnaises desservies par l’ancienne voie ferrée Bordeaux-Sète : Langon, Marmande, Tonneins... et même des plus petites où moins de trains s’arrêtent : Saint-Macaire, Sainte Bazeille...

Cette voie ferrée n’est pas sinistrée, au contraire, la desserte voyageurs tend à s’y améliorer au fil des années.
C’est surtout Langon qui, avant La Réole, peut être touché par cet effet RER, avec déjà une desserte de type omnibus pour laquelle Langon est terminus.
La Réole est un peu plus loin vers Marmande, et le temps de voyage Bordeaux-La Réole avoisine les 38 mn, dépassant les 33 mn annoncées par le slogan « 33 minutes pour changer de vie ».
Un peu long quand même pour un trajet quotidien domicile-travail, sauf si on habite et travaille près des gares de départ et d’arrivée...

L’accès à pied entre la gare et le vieux centre est praticable, avec cependant des trottoirs étroits et pentus (à la Réole, ça monte et ça descend !).
D’où l’idée de mettre des vélos électriques à la gare.

Un architecte, qui avant était à Uzeste, a choisi la Réole en partie à cause du train.

Ici on se dit bonjour !

La Réole - Café de la Gare (février 2025)
La Réole - Café de la Gare (février 2025)

Les bordelais entreprenants affluent :
L’un est venu à la Réole "parce que c’est beau" et veut redonner vie au Café de la Gare (encore le train !).
Un autre a créé des chambres d’hôtes.
Un autre, entrepreneur culturel (café associatif, afterwork...), décrit les étapes de son choix de la Réole :
 choc (les boutiques sont fermées, "tout le monde est parti")
 ici, y a tout à faire !
 finalement, ici, il y a le plaisir de vivre

Dans la rue, on se parle, on se dit bonjour.
"Ici les enfants disent bonjour", dit le proviseur du lycée de la Réole, lui-même néo-réolais (selon lui ce lycée, dans le vieux la Réole, est "un écrin" [1]).

Les néo-réolais, en plus, se sentent bien accueillis, et semblent s’épauler entre eux.

Un renouveau d’essence bordelaise plus que gasconne

http://www.aqui.fr/societes/la-reole-le-patrimoine-au-service-de-la-ville-de-demain,19087.html :
« Nous sommes presque un quartier de Bordeaux », s’amuse le Maire de La Réole. Cette proximité pourrait être, selon lui, bénéfique dans le développement aussi bien pour sa commune que pour Bordeaux : « [...] Bordeaux a besoin de respiration. Il faut s’appuyer sur les villes d’équilibre, comme nous, qui sont proches, et qui permettent de désengorger la métropole ».

Un satellite de Bordeaux est en gestation, dont les atouts sont le cadre de vie et la convivialité.
Aïe, je vais bientôt écrire comme une plaquette publicitaire...
A propos de publicité :
Dans le film "33 minutes pour changer de vie", la voix supposée enjôleuse et sous-titrée en anglais, qui finit par dire "je suis La Réole" après avoir vanté ses charmes ("sportive, joyeuse, envoutante / sportly, playful, captivating" etc.), n’a vraiment pas l’accent gascon.
A la Réole, on (enfin, les autorités) ne joue pas du tout la carte gasconne.
Le film parle culture(s) : « un mélange de cultures venues du monde entier »
Peut-être aussi qu’avec ce label "Ville d’art et d’histoire" qu’a reçu La Réole, on pense tenir mieux qu’une convivialité gasconne paysanne et centrée sur les plaisirs de la table...

Pourtant, le marché du samedi / lou marcat dou dishatte...

Qu’i souÿ anat, ad aqueth marcat !
Là oui, on entend l’accent gascon - ou "guyenno-gascon" pour être juste !
Le film publicitaire en parle (du marché), et cadre un court moment les fraises qui y sont vendues (possible produit local). Mais il n’a pas capté le son.
Il y a même - normal dans un marché gascon ! - un étal avec un drapeau basque qui vend du gâteau basque et - sauf erreur - des cannelés (confirmation de la satellisation par Bordeaux !).
Un petit étal vendait, entre autres, du pastis landais (pastis bourít) d’Escource ("brioché" - je préfère ceux qui ne le sont pas, mais plus on monte vers le nord, plus ils semblent l’être !).
J’y ai aussi découvert "l’alise", spécialité de l’Entre-Deux-Mers.
Mon charcutier de Tonneins, Carlotti, vient vendre au marché de la Réole ; je n’ai pas vérifié s’il apportait du jambon de Tonneins, mais c’est un exemple de connexion de l’anneau gascon !

La Réole - au marché du samedi en février 2025, la ferme Poumillé (Béarn)
La Réole - au marché du samedi en février 2025, la ferme Poumillé (Béarn)

Notes

[1encore une histoire de perle, comme dans le film publicitaire sur la Réole : « on dit de moi que je suis une perle rare, un joyau en train d’être révélé »

Portfolio

Vos commentaires

  • Le 25 septembre 2019 à 21:22, par Gaby La Réole nouveau satellite bordelais

    C’est un peu hors sujet, mais l’alise (je connais et utilise plutôt le mot "lise" car il me semble que "alise" est le mot poitevin. Cela dit je crois bien que c’est plus ou moins le même gâteau) mérite qu’on s’intéresse à elle.

    D’abord parce que cette pâtisserie briochée un peu aplatie en forme de rectangle et parfumée à la fleur d’oranger est délicieuse (à mon goût) ! C’est le gâteau traditionnellement servi après la messe gasconne de St Ferme lors de l’Épiphanie (à laquelle je participe depuis 7 ou 8 ans), accompagné de la non moins traditionnelle marquise.

    Ensuite parce que c’est une spécialité qui a peu été diffusée hors du Haut Entre-deux-Mers (même pas en E2M bordelais) et de la vallée du Drot. Il en est de même pour les bire-tout-souls , les brégnets et le coc macarien (attestations livresques, j’ai dû inventer mes propres recettes ), le broc ou le plus récent réoulés, spécialité de La Réole.

    Enfin parce que ça me semble être un vestige tangible des migrations gavaches !!! Du vieux français alis "compact, azyme", c’était dans le nord et l’ouest de la France un pain non levé, et en Poitou on a ce qu’on appelle aussi plus précisément l’alise pacaude, qui est le gâteau brioché de Pâques, à la fleur d’oranger, équivalent à notre lise guyennaise. Or aucune attestation (pour l’instant en tout cas) entre les deux régions (Périgord, Angoumois), ce qui me fait penser à un apport gavache.

    Ce serait donc une pâtisserie historique à valoriser !!

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    • Le 25 septembre 2019 à 22:48, par Tederic MERGER Pastís

      Non, ce n’est pas hors sujet de parler de gastronomie locale réolaise !
      Ce n’est pas un hasard si j’ai parlé du marché et de quelques gourmandises qu’on peut y trouver : c’est la première chose que le terroir de Guyenne et Gascogne peut apporter à la nouvelle Réole !

      J’ai bien aimé l’alise (pourquoi "la lise" ?) qui m’a rappelé la coque (còca) qui concurrence par ici la galette des rois venue du nord.

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  • Le 6 février 2020 à 18:18, par Gaby La Réole nouveau satellite bordelais

    Je découvre que la lise est mentionnée sur l’ALG dans la Petite Gavacherie (St Ferme, je crois) !

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  • Le 8 février à 17:09, par Tederic MERGER La Réole 6 ans après... l’ascenseur !

    Une visite rapide ce samedi matin (pour profiter du marché)...
     beau marché, je confirme...
     dans le haut de la Réole, la gentrification progresse doucement ; quelques commerces ou tiers-lieux "bobos" (librairies, caves à vins, estanquets...) tentent leur chance, alors que les derniers commerces "ordinaires" ont fui (l’opticien vers la zone commerciale extérieure de Frimont, "à côté de GAMM VERT").
     l’ascenseur fonctionnait à plein régime entre le marché et le haut de la Réole ; il est donc adopté par l’usager, en plus de bien s’intégrer au paysage !
    Il devient un emblème du nouveau la Réole...

    La Réole - l'ascenseur vu du haut
    La Réole - l’ascenseur vu du haut

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  • Le 8 février à 17:28, par Gaby La Réole nouveau satellite bordelais

    A quel endroit ça se gentrifie ? Je traverse La Réole régulièrement et je n’ai pas remarqué, du moins dans le centre.

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    • Le 8 février à 18:56, par Tederic MERGER La Réole - gentrification ?

      Par exemple dans, et autour de, l’artère du haut, la rue Armand Caduc ("Grande rue" pour le Cadastre napoléonien) : type des boutiques, maisons restaurées, voies végétalisées à la bordelaise...
      Mais il m’a semblé que la clientèle du marché* - qui communiquait avec le haut de ville par l’ascenseur, était aussi à tendance boboïsante, ou, dans un vocabulaire plus neutre, de classe moyenne diplômée...
      Mais cette tendance que je crois discerner n’a pas (pas encore ?) redonné vie à la rue André Bénac (l’ancienne rue Sainte Colombe), rue commerçante en forte pente qui rejoint le bas de la ville ; dans cette rue, tous les anciens commerces ont fermé sans guère de remplaçant de la nouvelle vague.
      Spectaculaire : la librairie "La Nuit Des Rois" a trois magasins aux vitrines alléchantes dans ce secteur (et un autre à Bordeaux).
      Gaby, ne brise pas mon enthousiasme !-)

      *Certes, la clientèle du marché vient aussi des environs de la Réole.

      La Réole, rue Armand Caduc
      La Réole, rue Armand Caduc

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  • Le 8 février à 20:33, par Gaby La Réole nouveau satellite bordelais

    Ah oui ! C’est parce que je traverse La Reole en voiture que je n’ai pas remarqué ça. Faut dire que traverser à pied la place du Thuron et les recoins vers la pharmacie...Brrr...

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  • Le 9 février à 20:43, par Vincent P. Nouvelles sociabilités et sociologies

    Ah oui, Gaby, il faut marcher dans les villes pour apprécier les modifications à l’œuvre !

    À La Réole, cela me semble plus timide qu’à Langon, c’est aussi fonction des heures de la journée, car les populations n’ont pas les mêmes habitudes selon leur origine sociale.

    Ce que je sais, c’est que La Réole et son hinterland immédiat ont été des lieux de fuite de la métropole ces dernières années de la part de Bordelais. Je suis au fait d’une sociabilité nouvelle, comme des clubs de jeux de société le soir.

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  • Le 9 février à 22:47, par Tederic MERGER La Réole - mobilité douce ou collective

    La question du mode de déplacement - marche à pied, vélo, trottinette, bus, train, voiture - est cruciale pour le devenir de tout centre-ville.
    C’est le tout-automobile qui a entraîné l’éparpillement de l’habitat et le départ des commerces de base vers les zones commerciales périphériques, à la Réole comme ailleurs.
    Mais le vieux la Réole a au moins deux atouts que toutes nos petites villes gasconnes n’ont pas, ou ont moins :
     bonne desserte par le train depuis Bordeaux, en 40 mn,
     cadre pittoresque.
    Est-ce que ça peut séduire assez de monde non "accro" à l’automobile ? il suffirait d’un millier de ces nouveaux habitants (du jeune professionnel indépendant au retraité)... on n’y est pas encore, mais ça parait jouable.

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  • Le 13 février à 11:04, par Tederic MERGER Mais la Réole n’est pas toute la Gascogne...

    ... et y aurait-il des recettes de revitalisation des centre-villes et centre-bourgs qui marchent partout et sans apport de population "bobo" !

    En plus de la réduction de l’hégémonie de l’automobile dans son fonctionnement actuel, c’est aussi le goût de la réutilisation de l’ancien qu’il faudrait pousser en avant.
    Notre système économique et social, et même culturel, favorise le neuf : la restauration de l’ancien est chère (main d’oeuvre artisanale, principe de précaution sur la sécurité du bâti...), la vie en habitat dense n’est pas non plus massivement désirée.

    Dans ce cadre général, une approche au cas par cas est à essayer !

    Mézin - échafaudages de sécurité sur toute une rue du centre-bourg
    Mézin - échafaudages de sécurité sur toute une rue du centre-bourg

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  • Le 16 mars à 22:01, par Tederic MERGER La Réole nouveau satellite bordelais

    Marmande aussi, ville centre dont la population stagne, devrait, selon son maire, développer "l’économie résidentielle" en captant « les ménages de la métropole Bordelaise qui jouiraient d’un plus fort pouvoir d’achat à Marmande » (formulation du journaliste - on peut comprendre qu’il pointe l’immobilier moins cher qu’à Bordeaux).
     Le maire de Marmande vise aussi « les séniors plutôt aisés en quête d’un cadre de vie agréable, de services de proximité et d’activités culturelles comme sportives dont il faudra renforcer l’offre ».
     Enfin, il déplore « l’évasion de Marmande vers les villes périphériques*, organisée à grands coups de lotissements communautaires et d’écoquartiers », et veut inverser cette tendance en misant sur la proximité des services qu’offre la ville centre.

    *Vise-t-il Sainte Bazeille, qui a au moins un écoquartier, et par sa taille peut être qualifiée de "ville" ?

    Sud-Ouest - 17 675 Marmandais en 2035 : des ambitions démographiques

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  • Le 30 mars à 13:50, par Régis CASTAGNET La Réole nouveau satellite bordelais

    Je partage totalement le constat de la boboïsation du marché de LA Réole où on trouve peu de population populaire (les kassos)( sic) seulement les habitants des communes rurales des alentours.
    Le délai pour atteindre Bordeaux est plutôt de 50 à 60 minutes en train
    et je voudrais rectifier, Non la Gironde n’est pas plate, tout au plus la rive gauche de la Garonne entre Langon et Soulac tout juste avec quelques ondulations (les iles de graves su médoc séparées par les jalles) mais tous le reste présente un relief plus ou moins accentué mais réel

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  • Le 30 mars à 21:09, par Tederic MERGER La Réole nouveau satellite bordelais

    Mercés, Régis, per aquestas precisions.
     Quiò, lo departament de Gironda n’es pas tant planèr qu’acò, e sustot pas en Enter-duas-Mars (dont la Rèula es ua pòrta). E mema a Vasatz, qu’i a hòrt de còstas !
     Vocabulari : qu’èi emplegat lo mot francés relief... qu’ac arregreti : qu’èi espiat dens los diccionaris, que’s ditz relhèu o relèu.
     L’oposicion bobòs/cassòs, evocada dens la cronica, sabi qu’es caricaturau ; la realitat sociologica qu’es hèra mei richa... d’alhors, que cau de tot, e son tots umans qui cèrcan lo bonur !

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  • Le 3 avril à 21:20, par Philippe Lartigue La Réole nouveau satellite bordelais

    Même constat au marché des capucins à Bordeaux, un samedi matin. A l’extérieur du marché, population à majorité immigrée, maghrébine et subsaharienne. A l’intérieur, comme une île où déambule une population à majorité européenne et très nettement bobo. Amusant de voir ces deux communautés qui, en fait, ne se mélangent pas, ne se parlent pas, se côtoient sans entrer réellement en contact. Même impression un peu plus loin, à Saint-Michel en voie de boboïsation, encore discrète mais très perceptible. Beaucoup d’immigrés afro-maghrébins et encore des bobos, aux terrasses et dans les restaurants d’où sont quasi totalement absents les premiers.
    Quant à Saint-Pierre, c’est fait depuis longtemps, les classes moyennes inférieures et populaires en ont été expulsées. C’est en cours autour de la gare Saint-Jean, cours de La Marne, Belcier.
    Là où le bobo passe, le populo trépasse. Encore plus maintenant avec les fameuses ZFE, que j’aurais tendance à appeler Zones à faible émission de pauvres.

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