Quelques mises au point. Jean LAFITTE [Forum Yahoo GVasconha-doman 2005-09-03 n° 5196]

- Jean Lafitte

Bonjour à tous,

Le message de M. Espinasse du 22 aout dont l'objet était « responsa au J
Lafitte » me parait appeler quelques mises au point. Les voici, au fil de
son texte :

> com ac digoc J Lafitte, soi pas un linguiste, sonque un ensenhaire en
> occitan e un musicaire occitan.

Je n'ai aucun souvenir d'avoir jamais écrit que M. Espinasse n'est pas un
linguiste. Tout au plus, dans mon message du 19 aout « Graphies et
prononciation du gascon », ai-je voulu corriger quelques inexctitudes de ses
réponses à "stac_agenais". En revanche, je ne puis penser qu'un professeur
de langue ne soit pas peu ou prou linguiste de la langue qu'il enseigne, et
ne cherche pas à en savoir toujours plus pour améliorer son enseignement.

> Las suas citacions tà validar la sua grafia
> n'an pas que la valor qu'òm i vòu acordar, òm pòt trobar e botar causas
> contra en davant...

C'est exact. Mais pour le moment, je n'ai encore jamais lu de critique
structurée démontrant des erreurs dans mes thèses sur le gascon. Tout au
plus, les moins prudents ont proféré des anathèmes qui ne prouvent rien
d'autre que leur ressentiment ; et les autres, dépourvus sans doute
d'arguments, ont préféré passer mes propos et écrits sous silence, de peur
de susciter des curiosités malsaines. En revanche, j'ai reçu quelques
approbations explicites de linguistes en vue (André Martinet, Henriette
Walter, Jacques Allières, Jean-Louis Fossat, Thomas Field...).

(suite à déchiffrer suite pb de conversion)

> Ã’m seràpas jamès d’acòrd : que soi occitan, autonomiste,
> anti-militariste, de sensibiltat d’esquèrra e pro joen ; contra lo FN e los
> reacs de tota traca...

Voilàune profession de foi bien étonnante :

­ d¹abord, par le fait que M. Espinasse exclut toute possibilité d¹accord
avec moi sur des questions linguistiques, donc scientifiques, àcause de
choix idéologiques supposés différents et d¹un âge qui l¹est certainement.
Je croyais jusqu¹ici que les débats scientifiques portaient sur des faits
vérifiables et bien interprétés et sur des raisonnements logiques. M.
Espinasse serait-il acquis aux méthodes soviétiques qui permettaient aux
instances politiques de dicter aux savants les vérités scientifiques ?

­ ensuite, par l¹énumération de ses choix qu¹il suppose opposés aux miens :
pour ce qui est d¹être « Â occitan  », certes, je le refuse, étant donné
l¹idéologie méridio-jacobine attachée àce mot ;
pour ce qui est d¹être « Â autonomiste  », je pourrais l¹être si je savais
ce qu¹on met sous ce mot ; pour le moment du moins, les populations des pays
d¹oc ne semblent avoir aucune envie de se battre pour une autonomie
quelconque ; il suffit de voir les résultats électoraux des ³autonomistes²
déclarés ;
pour ce qui est d¹être « Â anti-militariste  », il faut ici encore savoir
ce que cela signifie : si c¹est être contre les militaires et spécialement
le colonel en retraite que je suis, c¹est être contre une catégorie de
fonctionnaires que l¹État paie pour assurer une certaine fonction, tout
comme il paie le fonctionnaire de l¹éducation nationale J.-M. Espinasse
« Â pour enseigner l¹occitan  »Â (cf. son message du 19 aout) ; drôle conception
de l¹État républicain et de ses agents... Mais si c¹est être contre certains
militaires qui voudraient subordonner les choix politiques aux intérêts des
militaires, alors je suis dans le même camp que M. Espinasse. Je l¹ai montré
notamment en m¹opposant publiquement, comme jeune capitaine, au Putsch des
Généraux de 1961, alors que j¹étais sur place et àla merci de ces Généraux ;
car ma conviction républicaine m¹a toujours fait obéir au Président de la
République, « Â chef des armées  » selon l¹article 15 de la Constitution ; et
cela me valut de figurer sur une « Â liste noire  » saisie par la police dans
un local algérois de l¹O.A.S.
pour ce qui est d¹être « Â de sensibilité de gauche  », il faut une fois de
plus s¹expliquer : si c¹est être prêt àcontribuer de ses deniers, voire à
accepter de perdre des avantages personnels, pour un mieux-être des plus
défavorisés, alors je suis de sensibilité de gauche ; mais si c¹est être prêt
àdéfendre par tous moyens ses propres avantages professionnels et autres,
quel qu¹en soit le cout pour le reste de la Nation, je ne vois pas en quoi
cela diffère de l¹« Â Ã©goïsme des possédants  » qui défendent leurs avantages
avec les moyens qui leur sont propres ; et de cette gauche-là, je n¹en veux
pas !
Je voudrais ici faire une parenthèse : le rapprochement des mots
« Â anti-militariste  » et « Â de sensibiltat d’esquèrra  » m¹oblige àrappeler
que les États où une certaine gauche fut/est toute-puissante (U.R.S.S.,
Chine, Corée du Nord) se sont dotés de puissantes armées qu¹on a fait tirer
sur les ouvriers (p. ex., Berlin, 17 juin 1953) ou les étudiants
(Tein-an-men, 19 mai 1989), tout comme dans la Grèce des Colonels,
l¹Argentine et le Chili des Généraux.
pour ce qui est d¹être « Â contra lo FN  », je le suis aussi, comme contre
tout ce qui peut ressembler àune démarche totalitaire, d¹où qu¹elle vienne ;
pour ce qui est d¹être « Â contra los reacs de tota traca  », il faut
savoir ce qu¹on entend par ³réac². Ainsi, M. Espinasse enseigne-t-il, et
applique-t-il lui-même les simplifications orthographiques (facultatives)
adoptées par l¹Académie française en 1990 sur impulsion du Premier ministre
Michel Rocard, ou est-il de ceux qui s¹y opposent bec et ongles pour que les
gens ordinaires continuent àfaire des « Â fautes  » et assurent ainsi la
supériorité des élites « Â qui savent  »Â ? Moi, progressiste, je les applique
et écris ³aout, maitre, buche² (comme ruche) etc.

­ enfin, en opposant le « Â pro joen  » qu¹il est au vieux de 75 ans que je
suis, M. Espinasse semble supposer que la différence de génération empêche
toute entente ; mon expérience va en sens contraire, et je ne compte pas les
« Â jeunes  » qui se plaisent àme rencontrer. Je n¹en citerai qu¹un ici, un
étudiant arrivé àmon cours de gascon en mai et qui comptait reprendre en
octobre ; or il ne le pourra, devant poursuivre ses études àGrenoble ; il me
l¹a écrit dans un message du 19 juillet où il me disait : « Â Je tenais àvous
remercier de m’avoir initié au patois de mes aïeux.//Je tiens beaucoup àces
cours de gascon, et ils resteront une des rares choses que je regretterai de
Paris.  »


> Tàacabar en francés : Monsieur Lafitte, arrêtez de citer vos publications à
> la vente dans chacun des messages : cette liste de discussion n’est pas un
> site de vente en ligne, sinon, je vous fais un catalogue musical àchaque
> réponse !

Je cite mes publications dans la mesure où y est développé ce que je dis
dans un message, sur un sujet abordé le plus souvent par un autre
³listayre². Et si M. Espinasse publie des choses intéressantes sur la chose
gasconne, je ne vois pas pourquoi il n¹en parlerait pas dans ses messages.
En attendant, j¹ose espérer qu¹un jour ou l¹autre sa conscience
professionnelle le poussera às¹abonner àLigam-DiGaM, seule publication
spécialisée en linguistique et lexicographie gasconnes, puisque pour lui, le
gascon est un dialecte de l¹occitan qu¹il est payé pour enseigner.

Merci, amics, de m¹avé leyut dinc aci.

Siat hardits !

J.L.

Un gran de sau ?

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