
Dans le cadre de l’opération "Un dimanche à la chasse" relayée par la Fédération des chasseurs de Gironde, nous étions deux non-chasseurs invités dans une palombière du côté de Blasimon ce dimanche 16 octobre 2016, une douce journée d’automne au soleil voilé.
M. Bertin, représentant des chasseurs pour un secteur assez vaste de l’Entre-deux-mers, nous accueille : discussion sérieuse sur l’actualité de la chasse, toujours exposée aux attaques des "anti"...
Il insiste sur les règles strictes quant aux prélèvements, l’interdiction du braconnage, des pièges en général.
Un exemple de difficulté : la chasse au tir à l’arc, pratique respectable qui connait un regain ces dernières années, n’est pas interdite, mais peut faciliter des abus car silencieuse !
Nous arrivons à la palombière, dont la pièce maîtresse est une tour dont le haut émerge du capit des arbres, des chênes principalement.
Trois paloumayres sont au guet. paloma = palombe
Ils nous montrent les appeaux dispersés assez loin sur les chênes qui ont reçu des noms : "les quat’ chênes", "le malade", "le parasol"... Les appeaux sont des palombes captives - certains sont "volants", parce que mobiles sur un fil ; en battant des ailes, ils incitent les vols de palombes à se poser ; ce battement des ailes peut être commandé depuis le poste des paloumayres, chaque appeau étant relié à une manette par un fil individuel.
Un jeu astucieux sur les différents appeaux doit même permettre aux guetteurs de guider là où il faut un vol de palombes prêt à se poser.
Le but est en effet que les vols de palombes, dont le passage est plutôt imprévisible, SE POSENT, et même se reposent assez longtemps pour permettre un tir au fusil. Il parait même que parfois des palombes s’endorment, les imprudentes !
Les paloumayres n’ont pas le droit de tirer au vol. Curieusement, le tir au vol serait possible depuis des pylônes qui n’ont pas tout l’ingénieux système d’une palombière...
Ce matin, il y aura bien un moment assez dense en passages de palombes (d’autres passent un peu trop loin, ça dépend aussi du vent), mais il semble qu’elles n’aient guère envie de se poser ici ! Sont-elles pressées par "leur prévision météo", effarouchées par des coups de feu, ou tout simplement en pleine forme et désireuses d’aller de l’avant ?
Finalement, il n’y aura ce matin qu’un seul tir. On nous explique que les paloumayres doivent tous tirer exactement en même temps.
Résultat : une palombe tuée... c’est un peu maigre ; depuis mercredi, début de la chasse, ils en ont tué onze.
Donc, nous ne mangerons pas de palombe aujourd’hui, mais un délicieux pâté de sanglier, chassé et préparé localement, et puis de la pintade et un gratin de chou fleur, tout ça délicieux aussi...
Le repas est un grand moment de convivialité, avec participation de l’élément féminin...
Pendant le repas, le guet continue, mais il n’y aura quasiment pas de vols de palombes, comme si elles-même festoyaient ailleurs !
Pour finir, un des paloumayres, dont la verve a animé le repas, et qui souhaitait que nous inscrivions à notre rapport sa qualité de lieutenant de louvèterie (voilà qui est fait... la louvèterie est une vieille institution qui mène des opérations d’intérêt public hors des périodes de chasse ) nous accompagne gentiment sur le reste de la palombière. Il y a un deuxième poste de guet et de tir, plus bas. Quand les palombes sont posées, on a le temps, parfois, d’y aller pour les tirer commodément.
Cette visite nous rassure sur un point important : la relève des paloumayres est assurée, IL Y A DES JEUNES, alors que l’apprentissage de ce système de chasse complexe pourrait sembler contradictoire avec ce qu’on reproche aux jeunes d’aujourd’hui : zapper, ne rien approfondir...
Merci à tous les chasseurs qui nous ont accueillis (alors que nous étions des inconnus non chasseurs !) et aussi aux dames qui ont préparé le pâté de sanglier et le gratin de chou-fleur !